samedi 30 novembre 2013

Azinheira mineral (Aldeia da Luz)



En avril 2002, j'avais pris quelques photos (ci-dessus) des sculptures de feuilles et glands de chêne vert, serties dans le portail de marbre de la chapelle de l'Aldeia da Luz, oeuvre du 15ème siècle d'un certain Mestre Joao. Ces sculptures existent toujours (ci-dessous, lors d'une lumineuse après-midi de décembre 2013). Elles ont été transportées et intégrées à la chapelle reconstruite à proximité du nouveau village après la mise en eau du barrage. L'autre plante représentée serait-elle une vigne?



O jogo e a morte (Luz submersa, Abril 2002)


A agua sobe... (Luz, Abril 2002)




Colmeias de cortiça (Sao Pedro do Corval, Abril 2002)


Une Almunia gorgée de fruits à Cercal do Alentejo



Jean-Paul Brigand et Ann Kenny sont deux passionnés qui ont constitué en quelques années un jardin incroyable sur le littoral de l'Alentejo, O Lugar do Olhar Feliz. Il contient notamment une collection richissime d’agrumes dont ils connaissent de nombreux secrets qu’ils partagent volontiers sur leur blog. (Photographies: Jean-Paul B. et Ann K.)

AG: Jean-Paul et Ann, vous avez en planté en quelques années un verger de plus de 2000 fruitiers. D'où vous est venu ce projet et pourquoi avoir choisi l'Alentejo?
JP & A: L'idée était de produire des fruits de rêve, des fruits parfaits. Je ne sais pas combien de fruitiers il y a. L'idée n'est pas d'accumuler, mais d'acclimater, de faire renaitre une Almunia.
 
Quand on regarde une carte climatique de l'Europe, l'Alentejo littoral est le meilleur endroit pour établir un verger diversifié. Il y a de l'eau, les températures sont limite pour les tropicales, mais possibles, limite pour les plantes du nord, mais possibles. Cette côte ne soufre pas des mauvais vents méditerranéens. Et nous sommes en sol acide, ce qui nous donne accès à une vaste sélection de plantes fruitières


AG : Dans ce verger, vous avez misé particulièrement sur les Citrus. Vous avez plus de 250 cultivars de citronniers, orangers, mandariniers, cédrats,… Quels sont vos trois ou quatre Citrus de prédilection?

JP&A : Les collections dominantes sont les méditerranéennes à grande biodiversité ( grenades, figues, vignes, mûriers,… ) et les citrus qui sont des méditerranéens récents. Pour ce qui concerne les acclimatations de Citrus, deux pays de domestication me fascinent : le Japon et l'Italie. Ce sont deux gastronomies puissantes, originales qui fabriquent des variétés de fruits passionnantes. Notre grande découverte est la possibilité de faire ici des pamplemoussiers vrais (C. maxima et hybrides de C. maxima) qui sont des fruits très intéressants - pour le coup inconnus des Européens. Les buntans Hirado et Cristal donnent d’excellents résultats aussi.

 Voici un pamplemousse Oroblanco, un dragon volant et un rangpur de Tahiti (et tout en bas, un Kabos):





AG : Qu'est-ce qui vous fascine dans l'histoire des fruitiers?

JP & A : L'histoire des fruitiers est l'histoire des hommes. Beaucoup de gens croient que la nature fait des fruits. Mais non, ce sont les gens qui font des fruits! Les fruits sont notre savoir et aussi notre gourmandise. Et cela commence dès avant la sédentarisation, puis explose dans des milliers de cultivars adaptés à des climats, des sols, des lumières, des modes de vie et des traditions culinaires locales, des besoins - comme les fruits secs indispensables depuis toujours. Une sorte de foisonnement sur un grand fond de constantes, comme le paganisme. Les fruits sont une technique, une esthétique et une poétique.
 C'est dans ce qui reste encore de ces joyaux que nous puisons, même si pour certains cela devient très difficile. De nos jours on voit poindre un autre temps, celui de la grande culture, celui de la mort de milliers de variétés, celui de nouveaux critères de sélection des fruits. Ce temps a déjà commencé pour de nombreuses espèces.


AG: Existe-t-il des cultivars spécifiquement alentejanos qui mériteraient d'après vous d'être réhabilités?
JP & A : 
L'Alentejo est depuis toujours hors des voies de communication y compris maritimes - le seul grand port est contemporain - , très peu peuplé, traditionnellement exportateur de produits agricoles bruts. Franchement, il ne sert à rien de chercher ici des cultivars traditionnels réhabilitables alors qu'il y en a tant ailleurs. La Direction Régionale de l'Agriculture de l'Algarve est en train de le faire avec méthode et avec des ingénieurs de qualité pour pas mal de fruits. Ils ont notamment trouvé un caroubier à fruit bien sucré et riche en pulpe. Mais pour le reste, il semble bien qu'il ne reste rien de l'apogée médiévale arabe.

AG : Quels sont vos plus grands plaisirs lorsque vous parcourez ces arbres en fleurs et en fruits?

JP & A : Notre jardin nous réserve chaque jour une surprise nouvelle, c'est un bonheur sans fin. Ce climat donne de la végétation toute l’année; aussi il y a des centaines de bonheurs. Il y a quelques jours encore, les feuilles des grenadiers et des kakis qui changent de couleur: magnifiques! Manger une mandarine parfaitement à point, s’assoir au soleil,...
AG : Trois conseils à des débutants?

1 - Ne jamais croire à "la nature", la nature ne fait rien de bon, c'est le jardinier qui fait et qui sait. Apprenez, travaillez, ne faites rien au hasard.


2 - Planter c'est comme construire une maison; il faut beaucoup travailler avant, sinon on a des mauvais résultats très longtemps. Il faut donc bien choisir ses cultivars, ses porte-greffe, ses emplacements

.
3 - Surtout sous nos latitudes : ne tombez pas dans l'intoxication médiatique (le bio, le durable, etc.)
. On jardine, on ne fait pas de la religion. Le bio est un corpus de préconisations souvent dogmatiques qui visent un label dont vous vous moquez. Visez la perfection. Faites un jardin avec des plantes les plus adaptées possible à votre écosystème - par exemple faites des vignes sans traitement elles sont excellentes -. Travaillez votre sélection de plantes; c'est le plus important. 
Ici un jardin est toujours totalement artificiel avec 5 mois d'irrigation. C'est ainsi! Ne gâchez pas l'eau avec des pelouses ou des décoratives industrielles, mais ne soyez pas regardant sur l'arrosage des plantes domestiquées. Un jardin sec c'est un désert. 
Travaillez avec un calendrier lunaire - aidez vos plantes. Donnez une priorité absolue aux moyens mécaniques de défense contre les insectes: piégez, utilisez des filets,...
Donnez aussi une priorité au préventif (les jus d'algues comme fongicide préventifs), travaillez vos stratégies de fertilisation (utilisez des fertilisants minéraux foliaires en cas de besoin, c'est pas bio mais ça aide immédiatement les plantes) et enfin sous ce climat ne pas hésiter à tailler en vert (sauf les palmiers qui ne se taillent qu'en janvier). 
Ce qui compte est de regarder les plantes, de les comprendre et de leur donner un maximum de chances.


vendredi 29 novembre 2013

Amazing Rollers



Deseada Parejo Mora (below with a Lanius senator in her hand) is an ornithologist at the
 Estación Experimental de Zonas Áridas in Almería. One of the birds that she has been studying most intensively over the last years is the European Roller (Coracias garrulus). She accepted to answer a few of our questions on this amazing bird, that you can observe for example between Campinho and Sao Marcos do Campo... (Pictures by Lucie Derouse, Deseada Parejo Mora and Amparo Avilés)

AG: Deseada, you have been studying birds in the south of Spain over the last 19 years. What made you so passionate about these animals?
DPM: I don't know exactly, but it is true that although I love animals in general, birds are my favorite. Perhaps because their ability to fly away - and hence to escape - is challenging for us.

AG:  One of the birds you studied is the European Roller, one of the most colourful birds we have in the Iberic peninsula. What are the traits of its biology that you find surprising?
DPM: There are many Roller traits that I find really astonishing. They migrate every year to all over Europe from South Africa and back. Their sexual displays are amazing, with rolling flights through which they exhibit the full range of their marvellous colours to one another. Males and females fully share incubation and parental care until the end of the nestling stage. There is also the surprising behaviour of nestlings that expel out an orange liquid (some kind of vomit) when they are disturbed at nests. Probably a defensive behaviour against nest predators.

AG: You also studied the effect of installing nest-boxes. What are the main results?
DPM: Roller conservation plans have often relied on nest-box provisioning to improve breeding populations. However, patterns of nest-box occupancy and breeding success had never been explored for this species. We investigated in the south of Spain the efficacy of nest-box provisioning by analysing nest-box selection for breeding and reproductive performance. Our results indicate that nest-boxes should not be installed in too easily detectable locations, where breeding failure is more likely, or in highly concealed locations, which are probably undetectable for prospecting Rollers. Finally, future conservation plans for this species should aim to avoid placing nest-boxes near motorways and near patches of almond groves or pine plantations. Instead, conservation plans should promote combined plans of nest-box provisioning with the creation of a mosaic of alternating herb crops and woody groves to enhance the probability of colonization by Rollers.

AG: How do you see the future of the roller in Extramadura and in the Alentejo? What is the current state of the populations?
DPM: I think that in Extremadura and in the Alentejo, Rollers have healthy populations. The main threat for the species in the area is agricultural intensification and the habitat loss it leads to (removal of trees) as well as the use of pesticides.

AG: What are your own research projects in the future? Are there still mysteries regarding the roller that you would like to clear up?
DPM: I will continue to deepen my knowledge of the biology of this amazing species. In particular, I´m very interested in studying the species outside of the Peninsula during its migratory journey. Many birds never return from Africa. It could be interesting to investigate the threats that the species is under during winter time. Also, I would like to learn more about the nature of the defensive vomit that I mentioned above.


AG: What is the most special moment you remember during your observations of rollers in the field?
DPM: Capturing some breeding adults is always a unique moment as rollers are very intelligent birds. They usually detect all sorts of artefacts that we use to catch them. So, when you succeed to capture one of them it is really great. And they also defend themselves very aggressively when they are handled…


lundi 4 novembre 2013

Madrugada cor de rosa e de laranja


Et comme toujours, les lumières sont incroyables. Ici, l'aube rose-orange sur le Monte il y a quelques jours...

Around 1945 - Reguengos de Monsaraz


They are 8 years old. We are around 1945 at the Escola Primaria de Reguengos de Monsaraz

O ramo de murta do José


José, muni d'un sécateur et accompagné de son chien "pouco confiança", profite lui aussi des belles journées de Toussaint pour aller se chercher un petit bouquet de Myrte sauvage (Myrthus communis) à la rivière, de quoi assaisonner de délicieuses olives. Il n'est semble-t-il pas le seul à apprécier l'odeur du Myrte...

Narcisses d'automne (Narcissus serotinus)


Nous sommes à la toute fin d'octobre. La pluie est tombée en quantité la semaine dernière, et nous voilà entrés dans le second été de l'Alentejo, celui des coings et de la Saint Martin. Une semaine de soleil, puis deux,... Les pâturages du Monte en ont profité pour se fleurir à nouveau. Ce ne sont certes pas les jaunes et les bleus flamboyants du printemps. C'est le blanc des petits narcisses d'automne (Narcissus serotinus) qui mouchette les herbes sèches, en compagnie des clochettes de nivéoles d'automne (Acis autumnale) et de quelques touches très discrètes de scilles d'automne (Scilla autumnalis). Le parfum des narcisses est exquis...




Et voici un colchique (?), automnal lui aussi, photographié en octobre 2005 dans la région de Reguengos